jeudi 19 mars 2009

BARRICATA # 18 vient de sortir!


Au sommaire
Dossier : l’État sécuritaire déraille
-Madj se raconte -Les nouveaux antisémites - Du rififi dans la gauche allemande - Jeune Seigneur - Billy Bragg - Révoltes en Grèce - Un dentiste chez les zapatistes - Henry Rollins - Chéri-Bibi se déshabille - Patrick Pécherot, un écrivain populaire - What We Feel - Dossier : Israël à contre-chœur - Nouvelles d’ici et d’ailleurs - Youngang vs S-Contro - Chroniques de livres - Chroniques de revues et fanzines - Chroniques de disques

disponible sur notre table de presse, chez tous les bons libraires et par correspondance :
BARRICATA / RASH Paris-Banlieue
c/o CRASH Disques
21 ter, rue Voltaire
75011 Paris (France en feu)

rlf-mlv style !

graph rlf mlv

BD: LUCIEN, TOUJOURS LA BANANE Franck Margerin.


Plusieurs années après le dernier opus; Lucien revient. Sauf que, plutôt que de verser dans le revival rock actuel en continuant à bloquer sa petite bande dans les années 80. (Ha, Malakoff, ses punk, ses teddys, ses skins, ses bikers) Margerin a eut l'intelligence de faire vieillir Lucien. A la fin des années 2000, Lucien à cinquante berges, vend des grattes, a une femmes internet-addict, un fils victimisé, une belle fille ado qui change de look toute les semaines.

Sans dévoiler le scénar, il est un chouïa moins enlevé que les précédents. Tout comme Ricky chez les ricains ,il s'agit d'une histoire continue et non pas des petits épisodes/sketch qui ont fait une partie du succès de la série. Margerin prend plaisir (et il est partagé) à planter le décor et à réunir la petite bande, dont chaque membre a beaucoup évolué depuis Malakoff, 1988.

Cet épisode sent bon l'installation des personnages dans leur nouvel environnement et appelle une suite, qui laissera sans doute plus de liberté à Margerin.
Un vrai second souffle pour une série, qui, si elle avait continué à paraître sous sa forme originelle aurait perdu de son authenticité.

Cinéma HUNGER De Steve Mac Queen

Hunger se présente comme un film choc sur les grèves de l'hygiène et de la faim des prisonniers de l'IRA dans les geôles britanniques. Ne connaissant pas grand chose au sujet, mais ayant apprécié le film ''Bloody Sunday'', qui arrivait, dans sa description du traitement d'une manifestation tendue par des militaires, à rendre son sujet universel; j'espérais en apprendre plus sur cette campagne...
En deux heures de film, les moments les plus instructifs ont été les trois derniers bandeaux annonçant le générique et disant, en gros, que dix militants de l'IRA étaient morts pendant la grève... OK, cool merci, heureusement que j'ai attendu tout ce très très long film pour l'apprendre. De façon incroyable, les descriptions du film dans les journaux et sur les dépliants du cinéma ont plus de contenu que le film lui même.
Apparemment, le réalisateur, Steve Mc Queen est un plasticien. Il réussit le tour de force de justifier tous les préjugés sur les artistes prétentieux et intellectualisant, cherchant à tout esthétiser sans considération pour le public (donc moi, bâtard) qui ne pourrait pas comprendre les codes et les références utilisés.
Le film, pardon Mr Mc Queen, l'oeuuuuuuuuvre n'est qu'une longue succession de plans qui se la pètent sans aucune trame narrative. Des personnages apparaissent et disparaissent sans aucun apport avec l'histoire et chaque séquence semble dire: « t'as vu ce que moi, Steve Mc Queen, suis capable de faire avec une caméra, c'est classieux, non? ». Bah non, c'est pas classieux, c'est chiant à en bouffer son accoudoir en velours rouge: et que je te fais deux minutes de gros plan sur le maton qui se lave les mains, et que je te fais un plan séquence montrant un autre maton nettoyer un couloir de la taule. Pendant cinq minutes chrono, un type verse de l'eau de javel sur le sol, et passe la raclette. Sans commentaires annexes, rien. QUI peut se permettre, sur un sujet vaste, et méconnu de la plupart des spectateurs, de perdre 5 minutes comme ça? Si encore le reste du film rattrapait le coup...
Bon, pour ce qui est de la profondeur émotionnelle annoncée, on voit, en vrac, que:
-refuser les uniformes et donc rester à poil dans une prison, c'est pas évident.
-la grève de l'hygiène et ses murs couverts de merde, ça pue et ça rend sale
-un CRS tabassant des prisonniers, ça peut aussi avoir des émotions (le coup éculé du petit jeune qui se cache de ses collègues à moustaches pour pleurer
-Qu'un maton, bien que rude à la tache, peut aussi aimer sa maman et aller à la maison de retraite avec des fleurs et de la dignité.
Pendant une bonne heure on attend désespérément que ça commence et plusieurs faux départs nous font croire, enfin, au début du film. Un maton est assassiné: peut être saurons nous si c'était systématique, comment c'était organisé, les conséquences pour les prisonniers; pour les matons, sur les médias, etc. Et ben non, rebelote sur les longs plans de poseur.
La deuxième partie du film, la grève en elle même, est annoncée par un dialogue fleuve entre un prêtre et Bobby Sands. Dorénavant on suivra ce dernier à la place des deux prisonniers de la première partie, qu'on ne reverra plus. Déstabilisant et inutile.
Bref la césure est un nouveau plan séquence de dix minutes entre le prêtre et Bobby Sands. Un dialogue ping-pong auquel on ne comprend pas grand chose, du moins pendant les premières minutes. A dire vrai, ma copine et moi -je crois pas être plus con qu'un autre- croyions qu'il s'agissait d'un code secret entre membres de l'IRA pour transmettre des infos. En fait, non, ils parlaient bien de la pluie, du beau temps et de l'oncle Herbert qui habite à la campagne. S'en suit une parabole épuisante qui montre comment Bobby est devenu un leader, en achevant un poulain blessé pendant une compétition de cross-country. Cette même parabole dans un film de Chuck, de Steeve ou de Jean-Claude, aurait été ridicule, ici non, parce que c'est de l'art.
La fin du film (encore une bonne demi heure) qui a fait se chier dessus de joie les spectateurs bobo avec télérama sous le coude, est la grève de la faim vécue par Sands. Elle est à la fois ridicule et obscène.
Obscène par ce que le réalisateur cherche à nous apprendre que la grève de la faim c'est dur, et ça fait mal, et même des fois, on peut mourir, ce que le spectateur bobo avec télérama sous le coude n'a pas l'air de savoir. Et ce à tout prix. Aucun ulcère, aucun dégueulis sanglant, n'est épargné. Y compris un plan sur l'anus de Bobby Sands. Quand Mel Gibson fait ça avec Jésus c'est ridicule. Ici, non, parce que c'est de l'art, avec des références christiques. Sans déconner, quand un personnage de film à la diarrhée je préfère que ce soit dit, sous-entendu, mais j'ai pas besoin du plan de la merde qui coule dans les chiottes. Steve Mc Queen confond crudité du propos et des images. Qui ne servent à rien, et ne sont pas choquantes, mais juste obscènes. Le pauvre Bobby Sands, doit se retourner dans sa tombe: un plasticien s'est servi de sa mort et de celle de ses camarades pour se faire mousser à travers de l'aaaaart.
Ridicule parce qu'aucun plan éculé depuis les années trente ne nous est épargné. La maman qui regarde avec dignité son fils souffrir, les incrustations de corbeaux qui s'envolent tandis que la caméra '''vole'' autour du corps supplicié, l'amaigrissement de l'acteur (que fait la LDH?). Quand Tom Hanks fait ça dans Philadelphia, c'est ridicule, là non, parce que c'est de l'aaaaaaaaaaaart.
Allez, je ''dévoile'' la fin. Il meurt (sans dec?). Mais il meurt dans un flash back sur une compétition de cross-country, ado. Il avance. S'arrête. Se retourne. Attend. Repart. Plan sur son corps dans le coma... Il est mort.
ARH ARH ARH ARH. Quel déconneur ce Steve Mc Queen. Nous ressortir ce truc dont un élève en première année de cinéma à Villetaneuse ne voudrait pas!

Allez Steve, on te pardonne pour tes films de cow-boy.

Thomas -chuis vénère d'avoir payé 10 € pour voir ça- Vogt

1 Sauf pour le spectateur bobo avec télérama sous le coude. A la fin de la séance, à Odéon ,on a pu admirer quelques tronches de frangipane les yeux mouillés, la bouche entrouverte.

Cinéma JUNO un film d'un quelconque tâcheron

Film assez incroyable qui croit raconter le quotidien d'une future fille-mère dans une petite ville des USA.
Juno est mimi, a des parents légèrement barrés, un copain ringard mais gentil, la vie est pas cool, parce qu'elle est pas aussi neuneu que les filles de son âge.
Elle tombe enceinte eeeeeeeeeeeeeet...
Et rien. Ça ne fait rien, ça ne change rien. Ni avec sa famille, ni avec son école, ni avec ses camarades. Elle cherche (et trouve en deux heures et trois petites annonces) un couple à qui refourguer son bébé. S'en suit un mollasson chassé-croisé amoureux entre Juno, son copain lunetteux et le futur père adoptif, post ado rebelle à guitare.

On apprend durant ce film que les femmes ont la maternité dans le sang (Juno, sa belle-mère, la mère adoptive) et que l'avortement, à quoi ça pourrait servir. Le film a donc un léger relan réac qui le plombe. Surtout si on connait un peu le vrai problème des filles mères et toutes les galères liées.
En témoigne la scène où Juno passe son échographie. La gynéco se permet de lui demander à elle et à sa belle-mère ce qu'il adviendra du gamin. Après lui avoir répondu qu'une famille adoptive l'attendait, et la gynéco d'ajouter que c'était le meilleur choix, la belle-mère réplique que leur foyer ne manque pas d'amour et que Juno pourrait très bien le garder. Et toc, dans les dents la gynéco! Et Juno et sa belle-doche de se rapprocher en finissant dans un fou rire : « ah bah elle est bonne celle-là ».Juno est une exception; mais quel film parle de la règle?

Le tout est emballé dans une réalisation pétillante et une image acidulée. Des répliques intelligentes fusent (souvent de la part de Juno, décidément, peu de scénaristes ont déjà été une ado de 16 ans). On peut passer un bon moment. Perso mes dents ont grincé dès la deuxième image et ont failli tomber quand Juno fait un plan à la Amélie Poulain pour reconquérir son geek de mec.
Bref c'est loin d'être le film génial que tout le monde a encensé. Et une part de cette chronique est due à une certaine désillusion.

PS: La musique: des standard folk-rock repris à la sauce Vaselines m'a bien plu, en tant que fan des Vaselines. Sauf qu'ils ne sont pas vraiment cités, alors qu'il y a des références directes à Nirvana, dont les Vaselines étaient une des influences et des première partie.

Thomas Vogt.